Soudain l'été dernier -- Joseph L. Mankiewicz (1959) -- Suddenly, last summer

 Hier soir, c'est avec Emma que j'ai vu Soudain l'été dernier. Voilà donc un film réalisé alors que je n'étais même pas né, le premier sur ce blog. Il est tiré d'une pièce de théâtre de Tenessee Williams et est réalisé par Joseph L. Mankiewicz considéré comme un des maîtres de l'époque.
Le lien qui me lie à cette oeuvre est un souvenir d'enfance, peut-être faussé d'ailleurs, une émission des Dossiers de l' Ecran sur la psychanalyse que ce film illustrait.

Pour ceux qui n'ont pas vu le film :

Pour commencer, ce film rassemble trois grands noms du cinéma américain : Elizabeth Taylor dont la beauté éclipsait bien souvent les imperfections de son jeu, Katherine Hepburn, une dame au talent fou et à une longue carrière, longtemps associée à Spencer Tracy, son amour à la ville et Montgomery Clift, acteur décédé bien trop tôt, mais qui fut, après que j'ai vu ce film et Tant qu'il y aura des hommes, l'acteur préféré de mon enfance.
Ensuite, il y a les trois personnages, ce qui les unit et surtout ce qui les sépare. L'argent et le pouvoir qu'il confère, les convenances et la morale qui en découle mais aussi l'âge, le temps qui passe et qui a passé, les douleurs ressenties. Tout ça, sur un fond en noir et blanc et dans des décors qui soutiennent chaque plan du film. (La statue à tête de mort qui sépare les deux personnes dans le jardin d'hiver est magistrale)
Bref, un film à voir absolument.

Pour ceux qui ont vu le film :

Il est des films dont on aimerait lire l'oeuvre dont ils sont adaptés. Celui-ci en fait partie. Ce jeu d'échecs entre les protagonistes, leurs répliques originelles doivent être un régal de lecture surtout sous la plume d'un auteur comme Tenessee Williams. Une dame riche et puissante mais à la beauté flétrie cherche à faire lobotomiser sa jeune, belle et pauvre nièce pour qu'elle ne révèle pas les moeurs de son cher fils défunt, c'est une intrigue bien attirante. Quel rôle aura le psychiatre face à la situation ? Se laissera-t-il corrompre ? Et par qui ? Voilà, le premier abord de ce film. Mais il nous parle de deux sujets controversés à l'époque, la psychanalyse et surtout l'homosexualité. Un message personnel de l'auteur qui met ces deux sujets en parallèles comme s'ils étaient étroitement liés. Or, longtemps, l'homosexualité était considérée comme maladie mentale et punie par la loi.( Aux Etats-Unis, dans tous les états au moment du film, et peut-être encore dans certains maintenant.)
Cet ensemble fait de ce film un film indémodable.